Rachida Dati, star malgré elle

4 Oct

Quelques 2 millions de vues en 2 jours et un beau lapsus « révélateur » ont suffi à notre chère eurodéputée UMP à devenir la maîtresse du buzz. Interrogée par Canal+ sur les raisons d’un plan de licenciement chez Lejaby dans l’Ain, Rachida Dati s’exprime en direct dans dans Dimanche plus sur Canal+ « Quand je vois certains qui demandent des rentabilités à 20-25%, avec une fellation quasi nulle… ». Une fellation ?! L’ ancienne garde des sceaux voulait très certainement évoquer l’inflation des fonds d’investissement étrangers. Mais pourquoi un tel lapsus a soudainement créé le buzz ? Retour sur une vidéo qui n’en finit pas d’être visionnée ces derniers jours :

Une langue qui fourche et une personnalité politique qui devient  en quelques jours la risée de nombreux sites internet et chroniques en tous genres. Et pour autant, aucune réaction de la part d’Anne-Sophie Lapix qui, si l’on pourrait presque se permettre « ne pipe mot ». Attendait-on une réplique de type « Inflation vous voulez dire » ? qui aurait probablement été mal placée dans une interview sur cette thématique et qui n’aurait pas permis d’étouffer sobrement la coquille. Lors d’un entretien « Médiasphère » sur la chaîne LCI, la journaliste s’explique « J’ai eu le sentiment, pendant un dixième de seconde, qu’il y avait eu un espèce de doute. Elle dit que non. Moi j’ai eu ce doute et je me suis demandée : l’a-t-elle dit ? » a confié Anne-Sophie Lapix, interrogée par Bastien Morassi.
« On ne me parle que de cela. Le monde en rigole car effectivement elle a fait un lapsus terrible. Ça fait de la pub pour l’émission même si ce n’est pas celle qu’on préfère » a-t-elle ajouté :

Quelques jours plus tard, Rachida Dati justifie sa fellation « Cela peut arriver de parler trop vite dans ce format d’émission… Cependant, je trouve dommage que ce soit le seul message politique qui ait été repris surtout sur un sujet aussi grave… ». Grave ou pas selon les spectateurs, le message essentiel semble être passé à la trappe au profit d’un excellent lapsus qui lui vaudra un référencement quelque peu désavantageux sur les moteurs de recherche.  Citons à ce propos « Il devrait rentrer très vite dans les plus beaux lapsus linguae cités par Wikipédia et remplacer cet anonyme député français qui aurait voulu «durcir un sexe» plutôt que durcir le texte d’une loi sur la pornographie. » (Yahoo actualités). Et la communication dans tout ça ? Rien de monumental finalement comme l’a précisé R.Dati en dédramatisant cette situation : « Mais bon, si ça fait rire tout le monde… ». Elle a avoué, dans un éclat de rire « Je m’en suis rendue compte après coup ». Une façon comme une autre de couvrir une affaire qui amuse les adultes et les médias, mais visiblement pas certains parents d’élèves qui se sont dits choqués par de tels propos à une heure de grande écoute. Déculpabilisons notre chère ministre puisque nous produisons un lapsus en moyenne tous les 600 à 900 mots, c’est-à-dire à peu près une dizaine dans une heure de parole continue, indiquait Jean Véronis, en 2007. La plupart passent inaperçus. Ceux des hommes et des femmes politiques un peu moins comme nous l’indique l’ampleur du buzz médiatique provoqué par cette inflation à courbe douteuse. Comme le précise Jean Sébastien Loygue, « le buzz n’est pas qu’un simple bruit sur la toile, il traduit une révolution dans les rapports entre les marques et les hommes mais surtout il date une rupture de civilisation. » En effet, cet amusant lapsus aurait-il pris une telle ampleur quelques années plus tôt ? L’évolution des mentalités et des médias font que le buzz, et plus encore ce dernier devient une stratégie de communication efficace pour faire de la publicité et dans certaines conditions modifier l’image d’une personnalité. Jean Sébastien Loygue ajoute à ce propos « Toute la problématique du buzz est là : qu’il s’agisse d’un mode de communication qui à la fois diffuse le sens et possiblement le cache ou le détourne ». Saurons-nous un jour quel était l’éventuel sens caché de ce lapsus ? En attendant, les personnalités politiques ont encore de beaux jours devant elles pour concurrencer notre ministre, sacrée reine de la f… aute !

A.C.

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